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Covid-19 et vulnérabilité alimentaire des ménages : rôle du programme d’aide alimentaire de l’état sénégalais

Publié le 28 novembre 2021

Depuis décembre 2019, le monde subit une crise sanitaire qui a eu des répercussions économiques et sociales sans précédent. Dans une économie comme le Sénégal, dominée par le secteur informel, la politique du « rester chez soi » a provoqué une dégradation de la situation économique et alimentaire des couches les plus vulnérables. De ce fait, l’État a mis en place un programme d’aide alimentaire pour améliorer la sécurité alimentaire de ces dernières. Cet article a pour objectif d’analyser la capacité de ce programme à agir positivement sur la sécurité alimentaire des ménages bénéficiaires. Pour ce faire, nous appliquons la méthode des scores de propension (PSM) à des données d’enquêtes terrain collectées auprès de 4500 ménages bénéficiaires et non bénéficiaires du programme.

Nous explorons plusieurs dimensions de l’insécurité alimentaire à travers cinq indicateurs : le score de consommation alimentaire, l’indice des stratégies de survie et trois indicateurs d’insécurité alimentaire simple, modérée et grave construite à partir de l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FIES) de la FAO. Les résultats sont confirmés par la méthode de pondération de probabilité inverse (IPW) et montrent que l’aide de l’État a eu un effet négatif et significatif sur la diversité et la valeur nutritive du régime alimentaire des ménages bénéficiaires par rapport aux non-bénéficiaires. Cependant, ce programme a empêché l’utilisation de stratégies de survie extrêmes de la part des ménages. Par ailleurs, l’aide de l’État a eu un effet positif sur la sécurité alimentaire mesurée à partir des expériences négatives subies par les ménages et qui concernent les difficultés d’accès à l’alimentation. En définitive, malgré un apport nutritionnel faible, le programme a eu un effet positif sur l’accès à l’alimentation des ménages bénéficiaires comparés aux non-bénéficiaires.

Dès lors, la principale recommandation concerne l’inclusion d’aliments locaux plus nutritifs au panier distribué pour agir durablement sur la sécurité alimentaire des ménages pauvres. En effet, dans un contexte de faible pouvoir d’achat les ménage s’oriente vers les produits disponibles. L’État pourrait également mieux intégrer les « nouveaux pauvres » créés par les situations de crise et donner une dimension « consommer local » aux programmes d’aide alimentaire.