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Exode Rural pourquoi le phénomène s’intensifie

Publié le 16 février 2015

L’initiative prospective agricole et rurale (Ipar) a tenu, hier, un atelier de restitution d’une enquête de deux ans sur l’emploi des jeunes et la migration en Afrique de l’Ouest (Ejmao). Le but étant de savoir ce qui pousse les jeunes à quitter leur terroir pour d’autres horizons malgré le potentiel agricole de leurs terres. L’enquête porte sur la tranche d’âge 10-35 ans et concerne 1 500 ménages. Les experts ont égrené un chapelet de facteurs. Mais, le manque de revenus reste la cause originelle des exodes ruraux.

 

« Le monde s’urbanise. Nous ne réfléchissons pas en termes d’inversion. Il faut faire en sorte que le monde rural continue d’avoir des aménités, c’est-à-dire créer des opportunités pour que les gens travaillent », a soutenu le représentant de l’Ipar, Dr Ibrahima Hatié, hier, lors de la présentation des résultats d’une enquête de deux ans dans le bassin arachidier et les Niayes (dans le cas du Sénégal). Cette recherche s’inscrit dans le cadre du projet Emploi des jeunes et migration en Afrique de l’Ouest (Ejmao). A en croire M. Hatié, « il y a une absence de modèles qui maintient les jeunes dans les Niayes ou le bassin arachidier alors qu’ils sont stables dans d’autres contrées. Il s’agit de réfléchir sur de bons modèles au lieu de déplacer les urbains vers les zones rurales ».

Abdou Sall de l’Agence nationale de développement agricole (Anida) soutient que la non maîtrise de l’eau empêche les jeunes de développer leurs entreprises agricoles. C’est en cela que, pour maintenir les jeunes dans les terroirs, sa structure travaille sur la valorisation des excédents d’eau après la fin de l’hivernage. « Il faut changer les règles d’attribution des terres par rapport à la productivité des chefs de famille », souligne Gisèle Lopez, membre du conseil administration de Ipar. Ce que le directeur de cabinet du ministre de la Jeunesse, Demba Diop confirme en soulignant qu’il y a des problèmes d’ordre sociologique. « Les terres sont souvent au nom du chef de famille. Il faut changer les règles d’attribution dans les aménagements. Le chef de ménage ne pense pas forcément aux jeunes et aux femmes », poursuit-il. C’est d’ailleurs pour cela que sa structure propose des projets communs où les dividendes sont répartis en fonction des apports.

Un revenu stable pour maintenir les jeunes dans les terroirs

Le représentant de l’Ong Roppa souligne le manque de suivi de projets agricoles. « Aujourd’hui, les jeunes s’engagent pour arracher les opportunités. Mais, il n’y a plus de jeunes après la fin des projets », déclare-t-il en indexant par ailleurs les politiques dans le non respect des politiques communautaires de développement de l’agriculture. « Le plan national d’investissement agricole est non appliqué. Chaque président vient avec sa vision. Il faut une volonté politique ». fait-il remarquer.

Les experts ont, en outre, souligné que « les réponses des pouvoirs actuels, tant en milieu urbain que rural à travers notamment les différents programmes et fonds nationaux pour l‘emploi des jeunes, ne sont pas encore à la hauteur des défis car elles assurent à peine 7 % de la demande actuelle annuelle en travail ».

Le ministre de l’Agriculture, Dr Pape Abdoulaye Seck souligne, pour sa part, que les jeunes ont besoin d’un revenu stable pour accepter de rester en milieu rural. Ils ont également besoin de la mise sur pied d’une bonne politique foncière ainsi que de la sécurisation et de l’assainissement de la chaîne de production, de commercialisation et d’écoulement des produits. M. Seck rappelle que le gouvernement veut promouvoir l’emploi à travers l’agriculture. Il réitère l’importance de la recherche en ce sens. C’est pourquoi, dit-il, le gouvernement soutient les chercheurs de l’Ipar. Le but des recherches étant, selon lui, de trouver une solution contre l’exode rural.

M. Seck rappelle néanmoins que le Sénégal compte atteindre ses objectifs de développement agricole à travers le Pracaas, l’Anida... Il reste toutefois convaincu que la question de la rentabilité reste un préalable pour maintenir les jeunes dans les champs.

Emile DASYLVA

Source : http://www.walf-groupe.com/actualites/societe/5094-exode-rural-pourquoi-le-phenomene-s-intensifie