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Kedougou : l’or ne brille pas pour les populations !

Publié le 1er mai 2015

Les membres du réseau des parlementaires pour la bonne gouvernance des ressources minérales, se sont dits « préoccupés » par les conditions pour le moins « précaires » des populations dont le sous-sol regorge pourtant de richesses.

Une délégation d’une quinzaine de députés sénégalais, s’est rendue à Kedougou du 26 au 29 Avril derniers afin de s’enquérir de la situation des populations dans cette région aurifère du Sénégal.
Paradoxe ! Comment peut-on avoir autant de ressources minières et avoir une région aussi pauvre ? Cette question est revenue comme une rengaine lors des échanges que les députés, membres du réseau des parlementaires pour la bonne gouvernance des ressources minérales ont eu—leur première sortie sur le terrain— avec les populations à travers un forum.
Souvent émus et remontés, les représentants des différentes couches de la société de Kedougou, ont présenté un tableau pour le moins préoccupant.
Dans la batterie de sujets qui cristallisent les frustrations, l’absence d’infrastructures de base, d’écoles, de structures sanitaires et surtout le lancinant problème de l’emploi des jeunes, est revenue avec insistance.
Les orpailleurs rencontrés sur le site de Kharakhena, se plaignent aussi de leur cantonnement dans des espaces qui rendent leur travail difficile. « Le risque d’implosion existe sur ce site…L’Etat doit faire quelque chose », avertit, la députée Hélène Tine sur le site de Kharakhena. Pour elle, « l’Etat peut élargir le couloir de Kharakhena et ouvrir d’autres couloirs, se nourrir, est devenu un sérieux problème sur ce site. »
Les populations ont lancé un appel aux députés afin qu’ils puissent être leurs porte-voix, la « voix des sans voix ». C’est justement en vue de toucher du doigt ces réalités que les membres du réseau, soutenu par le programme Gouvernance d’Oxfam, ont fait le déplacement de Kedougou.
Helene Tine, membre du réseau en a appelé à des solutions idoines, par la mise sur pied d’une « politique globale » pour juguler ces maux. Elle a réitéré une préoccupation du gouverneur de Kedougou, qui affirme que « Kedougou est riche en ressources minières, mais pauvre en tout ! »
Poursuivre la lutte
Lors de sa visite aux compagnies Toro Gold à MAKO et Teranga Gold à Sabadola, le réseau a attiré l’attention des responsables de ces entreprises sur l’inadéquation entre leurs revenus et l’indigence dans laquelle vivent les populations des villages.
Toro Gold et Teranga Gold ont mis en avant leur plan social, qui à les en croire, est destiné à atténuer les effets collatéraux de leur exploitation sur les populations.
Les députés dans la perspective de l’adoption du nouveau code minier, ont grâce à cette mission sur le terrain, mesuré l’ampleur des besoins des populations, d’où « la nécessité d’agir pour le bien des populations », ont-ils scandé en chœur.
Elimane Kane, responsable du Programme Gouvernance à Oxfam a repris en écho les préoccupations des populations en insistant sur le rôle des députés dans le plaidoyer et le vote d’un texte « juste » qui tienne compte des aspirations justes et légitimes des populations à pouvoir jouir des richesses de leur sous-sol.
L’ONG La Lumière, partenaire d’Oxfam dans la région, s’est engagée à poursuivre sa lutte inlassable afin que les populations puissent être traitées convenablement. « Nous sommes déterminés à poursuivre cette lutte noble ; c’est une question de principe et de la défense des droits de nos populations », a lancé, gonflé à bloc, Ibrahim Sorry Diallo, le Secrétaire Exécutif de l’ONG La Lumière.
Les différents villages de Sabadola et de Kharakhena le lui ont bien rendu en saluant le plaidoyer que cette ONG ne cesse de porter en leur faveur. Ces populations caressent le rêve de voir l’or briller pour elles aussi.

 

source Oxfam