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ESSOR.ML (Quotidien Malien)// Gestion foncière le long du fleuve Sénégal : SUR LE SENTIER DE LA MUTUALISATION DES APPROCHES

Publié le 29 novembre 2016

Le ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon, a présidé, hier, les travaux de lancement au Mali du projet « Gouvernance foncière améliorée pour une prospérité partagée dans le bassin du fleuve Sénégal » et de validation du Cadre d’analyse de la gouvernance foncière (CAGF) du Mali. La cérémonie s’est déroulée au grand hôtel, lors d’un atelier national de 2 jours organisé à cet effet.

Ce projet intervient au moment où la gouvernance foncière préoccupe aussi bien les paysans que les autorités politiques. La terre, à tous les niveaux, est convoitée. La situation, en milieu rural, se caractérise par une pression extrême sur la terre. Les tensions ou conflits que génère cette pression se répercutent sur la sécurité alimentaire. D’où la pertinence d’un tel projet pour le Mali qui est un pays agricole par excellence. Financé par le gouvernement fédéral d’Allemagne, le projet couvre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Il est conjointement exécuté par l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Durant les deux jours de travaux, les acteurs de ce projet multi-acteurs échangeront sur les Directives volontaires (DV) pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches, aux forêts et aux autres initiatives en cours. Ils valideront aussi le Cadre d’analyse de la gouvernance foncière du Mali, en vue de la mise en place d’un cadre de concertation et d’actions sur la gouvernance foncière de notre pays.

lancement au Mali du projet « Gouvernance foncière améliorée pour une prospérité partagée dans le bassin du fleuve Sénégal » et de validation du Cadre d'analyse de la gouvernance foncière (CAGF) du Mali.

Outil de la Banque mondiale, le cadre logique mesure et évalue les progrès réalisés par les pays en matière de gouvernance foncière. « Ce cadre constitue un outil de diagnostic et d’analyse permettant d’évaluer le statut de la gouvernance foncière au Mali. Il s’agit d’un processus participatif qui s’appuie de manière systématique sur le savoir-faire local et les données existantes », a indiqué le ministre Denon dans son mot d’introduction.

L’atelier national de validation constitue, selon M. Kassoum Denon, « un cadre idéal pour fédérer et mutualiser les forces et les approches ». Pour lui, il s’agira « d’aplanir les divergences afin que chaque pays puisse s’épanouir économiquement dans le cadre d’une gouvernance foncière apaisée autour du bassin du fleuve Sénégal ». L’une des difficultés majeures à laquelle font face les décideurs politiques est la complexité des problèmes fonciers. Pour surmonter ces difficultés, le gouvernement du Mali a adopté, le 31 décembre 2014, la Politique foncière agricole (PFA). L’adoption le 07 octobre 2015 par l’exécutif du projet de Loi sur le foncier agricole (LFA) s’inscrit aussi dans ce cadre. « Le gouvernement s’est inspiré des directives volontaires de la FAO, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA), a souligné le ministre en charge de l’agriculture.

D’après lui, ces deux documents sécurisent les droits fonciers individuels et collectifs par la délivrance d’attestations de détention foncière et de possession foncière. Les transactions foncières, à en croire M. Denon, seront aussi sécurisées. Ces deux textes développent et promeuvent les institutions de gestion foncière décentralisées, en intégrant la dimension genre dans le foncier (au moins 10% des espaces aménagés par l’Etat ou les collectivités sont affectés aux femmes et aux jeunes).
Avant l’intervention du ministre, le représentant de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP), Souleymane Massamakan Keïta, a souhaité la bienvenue aux participants. Sur un air préoccupé, il a reconnu que la question foncière est récurrente, sans compter ses impacts négatifs sur les activités agricoles. Pour souligner la pertinence d’une gestion foncière concertée, M. Keïta a rappelé, par ailleurs, que l’ambition de notre pays est de devenir le grenier de l’Afrique. Comme pour rassurer les organisations paysannes, le directeur exécutif de l’IPAR, Dr Cheikh Oumar Ba, a exprimé l’engagement des exécutants à mettre en œuvre le projet de façon adéquate. Car, ce projet améliorera la sécurité alimentaire, en résolvant les concurrences croissantes qui se développent autour de la terre le long du bassin du fleuve Sénégal, a-t-il affirmé.

Une autre dimension de ce projet, et non la moindre, est l’accès facile des femmes au foncier agricole. Le chargé des projets au niveau de la FAO, Modibo Touré, a attiré l’attention des participants sur ce volet. « Les femmes constituent plus de 70% de la main d’œuvre agricole, mais elles possèdent moins de 3% des terres agricoles », a-t-il déploré.

Au sortir de cet atelier, il est attendu un plan d’actions permettant de baliser les bases d’une réforme foncière concertée et consensuelle .

Par C. M. TRAORE - dans l’ESSOR du 29 novembre 2016