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M. Oussouby Touré, sociologue rural, coordinateur de l’étude sur l’application du cadre de la gouvernance foncière au Sénégal.

Publié le 17 juin 2014

En marge de la restitution politique de l’étude sur le cadre de la gouvernance foncière au Sénégal (CAGAF), M. Oussouby Touré, sociologue rural, coordinateur de l’étude sur l’application du cadre de la gouvernance foncière au Sénégal nous a accordé cet entretien.

Voulez-vous revenir sur l’importance du foncier au Sénégal ?

Apres la ressource humaine ; le foncier représente le substrat des activités productives en milieu rural mais également en milieu urbain. Je pense que le secteur primaire constitue la locomotive du développement économique de ce pays et le foncier est la ressource essentielle qui permet de développer, de promouvoir les activités du secteur….

Pouvez-vous revenir sur le sens de cet atelier ?

Cet atelier a été organisé pour restituer aux décideurs politiques les résultats de l’évaluation de la gouvernance foncière au Sénégal. Nous avons conduit l’exercice, nous avons restitué les résultats au techniciens, qui ont contribué à las enrichir, qui les ont validé. Aujourd’hui, nous Venons restituer ces résultats aux décideurs politiques et à mettre en place des passerelles pour permettre une validation de ces résultats dans le cadre de la réflexion qui est en cours dans le domaine de la réforme foncière. Les éléments issus de l’évaluation de la gouvernance foncière vont contribuer à alimenter la réflexion sur les enjeux, les finalités et le contenu d’une réforme foncière inclusive et participative dans notre pays.

Pouvez-vous revenir sur les résultats de l’évaluation ?

Nous avons évalué 85 indicateurs de gouvernance foncière sur ces 85 indicateurs, il apparait clairement que 41 indicateurs présentent une situation favorable, 44 présentent une situation non satisfaisante. Cette lecture synoptique n’a pas de sens parce que les indicateurs de la gouvernance foncière n’ont pas les mêmes poids. Il peut s’agir d’indicateurs qui concernent le milieu urbain ou le milieu rural, la proportion de la population concernée par les indicateurs est très variable. Je prends juste quelques exemples : la reconnaissance des droits fonciers en milieu rural, elle concerne des milliers de citoyens, l’indicateur relatif à la copropriété des immeubles qui concerne très peu de Sénégalais, quelques dizaine de sénégalais tout au plus.

Le poids des indicateurs est très variable et cette dimension il faut la garder à l’esprit lorsqu’on procède à une lecture globale. Je résume en disant, l’évaluation du cadre de la gouvernance foncière au Sénégal a montré que les enjeux liés au foncier rural revêtent une grande acuité et doivent faire l’objet d’une attention soutenue dans toute réflexion sur la réforme foncière.

Le deuxième élément important, c’est le défi de la régularisation en milieu urbain. Les phénomènes d’habitat spontané ; d’habitat non planifié et ce qu’on appelle l’occupation irrégulière sont des phénomènes qui revêtent une grande importance dans toutes les grandes villes. Imaginer que Pikine, Guédiawaye et toutes ces villes sont dans une situation ou prévalent des phénomènes d’habitat spontanés non planifiés. Donc la question de la régularisation est cruciale. Sur un nombre d’habitant de 14 millions de sénégalais, on a à peine 100000 titres fonciers. En milieu urbain il y a une pression de plus en plus forte et une tendance au développement de l’habitat spontané. Il faut faite face à tous ces défis et les prendre en compte dans toute réflexion sérieuse sur la réforme foncière.

Quel est le budget mis par la Banque Mondiale pour la conduite de cet exercice ?

La banque a mis au point l’outil qu’elle appelle Cadre d’Analyse de la Gouvernance Foncière. Cet outil a été conçu pour permettre de comparer les situations de gouvernance foncière dans différentes régions du monde. La Banque a mis très peu de moyen pour conduire cet exercice et a la fin l’exercice n’a pas couté plus de 15 millions de francs CFA.
Dans le cadre de l’exercice, il a fallu organiser plus d’une dizaine de panels, avec des experts qui ont été mobilisé dans différentes régions du pays.
En réalité c’est l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) qui a utilisé son carnet d’adresse pour mener à bien cet exercice avec un appui de la Banque qui n’a mobilisé qu’entre 15 à 20 millions pour appuyer ce processus dans tous les pays du monde. 32 pays ont conduit cet exercice dans le monde et le Sénégal a été impliqué dans l’appui aux exercices dans certains pays voisins comme la Gambie et la Mauritanie à travers l’IPAR.