Think tank sur les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest

Accueil / Que faisons-nous ? / Recherche / Migration et emploi des jeunes / Pour un nouveau regard sur la migration dans l’espace de la CEDEAO

Pour un nouveau regard sur la migration dans l’espace de la CEDEAO

Publié le 18 décembre 2019

En Afrique de l’Ouest, les personnes migrantes ou en mobilité restent confrontées à de nombreuses difficultés. En effet, la plupart d’entre elles, motivées par le besoin ou l’envie de se réaliser ne sont pas suffisamment informées de leurs droits dans les zones de départ, de transit ou d’installation. Une telle situation semble être une menace pour la cohésion sociale ou le vivre en communauté qui est aujourd’hui le thème choisi pour célébrer la journée internationale des migrations.

Des recherches que l’IPAR conduit depuis 2018 avec le soutien de Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) et en partenariat avec la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) et le Forum Social Sénégal, renseignent sur le profil et la trajectoire des personnes migrantes ou en mobilité, sur leur situation en termes d’accès au logement, de la santé et de l’éducation, etc. Les premiers résultats informent sur la connaissance ou non des textes de la CEDEAO par ces populations étudiées et les voies et moyens pour défendre leurs intérêts et surtout leurs droits.

Des données déjà collectées à la fois au Sénégal et au Niger, nous avons pu constater que les voyages des personnes migrantes ou en mobilité recèlent souvent de « difficultés » parce qu’étant « fragiles » aux privations, vulnérables aux discriminations et aux abus physiques, sexuels et verbaux, en dépit du protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

Face à ces situations, le constat est que des personnes migrantes ou en mobilité mobilisent des stratégies d’organisations de défense des droits des migrants pour le respect de leurs droits. Une telle alternative est louable mais semble être insuffisante car il faut plutôt aller vers comment accompagner les personnes migrantes ou en mobilité dans une dynamique de citoyenneté proactive dans leurs pays d’établissement ou de transit pour influencer les politiques et les législations les concernant ? Comment faire recours à la mise en place de passerelles entre les cadres juridiques nationaux et internationaux, les mandats institutionnels des instances de la CEDEAO et les systèmes de protection des droits du travail et des droits humains pour résoudre les discriminations auxquelles les personnes migrantes ou en mobilité sont confrontées ?

L’organisation de formations communes sur les droits d’établissement des migrants et ressortissants est nécessaire
Autant de questions que notre recherche-action va apporter des réponses en vue de penser les cadres juridiques et réglementaires sous régionaux relatifs à la migration. Entre autres préoccupations, cette recherche-action va apporter une plus-value scientifique profitable aux politiques pour une meilleure prise en compte du genre dans les cadres juridiques et réglementaires relatifs à la migration.

Pour arriver à ces résultats, nous estimons qu’avec des universitaires, des politiques et nos différents partenaires d’ici et d’ailleurs, il y a nécessité d’organiser des formations communes sur les droits d’établissement des migrants et ressortissants originaires de l’espace communautaire regroupant les autorités frontalières, les représentants des migrants et les institutions de recherche sur les questions de mobilité et de migrations ; de renforcer les capacités des acteurs politiques, des acteurs des territoires transfrontaliers, des commerçants, etc. sur la libre circulation des personnes et des marchandises ; d’organiser des caravanes d’observations, d’information et de sensibilisation sur les différents corridors ; d’animer des émissions de télévisions et de radios à travers les langues locales communautaires (Peul, Mandingue, Socé, etc.) ; etc.

Equipe de recherche : Prof. Aly Tandian, Mme Mariama Kesso Sow et M. Cheikh Faye - IPAR

Galerie photos