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Sommet Dakar II : Les chefs d’état et de gouvernement engagent le combat pour libérer le potentiel alimentaire de l’Afrique

Publié le 1er février 2023

Le deuxième sommet de Dakar sur la souveraineté alimentaire et la résilience (Dakar II) a pris fin après trois jours d’intenses réflexions et d’échange sur le thème « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience ». Co-organisé par le Sénégal et la Banque Africaine de développement (BAD) du 25 au 27 janvier 2023 et présidé par son S.E Macky Sall, Président de la République du Sénégal, actuel président en exercice de l’Union africaine, ce sommet a été sanctionné par une déclaration engageant les chefs d’Etat, de Gouvernement et autres parties prenantes à veiller à la mise en œuvre effective des Pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture.

Alors que l’échéance pour éradiquer la faim à travers le monde arrive à grand pas (2030), les chances d’atteindre l’objectif de Développement Durable n°2 (faim zéro) semblent très minces au regard des tendances. Selon plusieurs rapports sur « l’état de l’alimentation et de la nutrition », le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde augmente au fil des ans. L’Afrique est le continent le plus touché. En effet, sur les 828 millions de personnes souffrant de faim sur terre, les 30% vivent en Afrique (soit 249 millions de personnes). Les Nations Unies estiment, d’ailleurs, que si ce rythme de progression de la sous-alimentation se poursuit, elle pourrait toucher 2 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2050.

Le Sommet Dakar II a été convoqué dans ce contexte d’incertitude. Les 34 chefs d’Etat et de gouvernement, les dirigeants du secteur privé, les représentants d’organisations multilatérales et d’ONG, ainsi que les scientifiques et les chercheurs réunis au « Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio », ont exploré, durant ces trois jours, les moyens de relever le défi croissant de la souveraineté alimentaire en Afrique et de renforcer la résilience du continent face aux chocs futurs ».

Plus spécifiquement, le sommet poursuivait les objectifs suivants :

  • Susciter un engagement politique fort autour de la production, des marchés et du commerce pour mettre en place des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles pour les Etats ;
  • Renforcer la sécurité alimentaire des Etats à travers la mobilisation et l’alignement des ressources gouvernementales, celles des partenaires au développement et le financement du secteur privé autour des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles ;
  • Partager des expériences réussies sur l’alimentation et l’agriculture en Afrique pour intensifier le soutien à l’agriculture ;
  • Réfléchir aux moyens d’augmenter la résilience des systèmes agricoles et la productivité agricole grâce à l’utilisation de technologies innovantes et adaptées au climat, la recherche et des services de conseil ;
  • Mettre en place des infrastructures et une logistique en mesure de soutenir la transformation agro-industrielle afin de créer des marchés et des chaînes de valeur alimentaires et agricoles compétitives.

Accélérer la réforme et le renforcement des systèmes alimentaires en Afrique pour nourrir le continent et le monde

A l’occasion de la cérémonie d’ouverture du sommet, le Président du Sénégal Macky Sall a appelé tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à se mobiliser avec les acteurs continentaux, pour « faire de Dakar II un véritable Sommet de l’action, afin de réussir ensemble le pari de la production agricole et de la souveraineté alimentaire en Afrique  ». Cet appel du Chef de l’Etat sénégalais en dit long sur la volonté des parties prenantes de sortir de Dakar II avec des résolutions qui pourraient être concrétisées rapidement. Selon le Président Sall, « la priorité accordée à l’agriculture et à la sécurité alimentaire est devenue aujourd’hui une urgence de première nécessité, alors que les Etats subissent de plein fouet l’effet combiné du changement climatique, de la pandémie de Covid 19 et d’une guerre majeure en Ukraine ». Cette crise sans précédent interpelle l’Afrique qui dispose pourtant d’importantes potentialités pour mettre fin à sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur et apprendre à se nourrir, voire, contribuer à nourrir le monde ». Il est important, selon les chefs d’Etats présents, que « les différentes initiatives en direction de l’Afrique soient mieux coordonnées au plan continental pour qu’ils soient en harmonie avec les quatre piliers du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique  ». Il s’agit de :

  • Valoriser davantage la recherche, améliorer la mécanisation agricole et la maîtrise de l’eau, et intensifier l’utilisation de méthodes et technologies appropriées, y compris la transformation locale des produits ;
  • Elargir les superficies exploitées et assurer une gestion durable des terres ;
  • Améliorer l’accès des produits aux marchés, en renforçant les infrastructures de désenclavement et d’interconnexion transfrontalière, ainsi que les équipements de stockage, de conservation et de transformation locale ;
  • Soutenir les petits exploitants, notamment les femmes et les jeunes par un encadrement et des financements adaptés à leurs besoins ;

Pour sa part, Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, soutient que «  l’Afrique n’a pas le choix, car le temps ne joue pas en sa faveur au regard de la croissance démographique en cours sur le continent. Il ajoute que « nous devons prendre des mesures décisives dès à présent pour sécuriser l’approvisionnement en denrées alimentaires ». Pour ce faire, «  il faudra des systèmes alimentaires plus productifs, efficaces, compétitifs, dynamiques et écologiquement durables  ». Il suggère de renforcer le soutien au secteur privé. « L’agriculture doit devenir le nouveau pétrole de l’Afrique !  » a-t-il clamé pour finir.

Mobiliser des financements internes et externes pour soutenir les pactes nationaux sur l’alimentation et l’agriculture

Au cours du sommet Dakar II, chaque pays a présenté son pacte national d’alimentation aussi bien à la BAD qu’aux autres partenaires au développement. Ces pactes visent à remodeler le programme de transformation de l’agriculture, solliciter l’adhésion des partenaires au développement et du secteur privé, et s’engager à prendre des mesures politiques pour leur mise en œuvre. Ils fixent des objectifs et des calendriers précis pour atteindre la sécurité alimentaire. Celui du Sénégal porté par le MAERSA a bénéficié, dans son élaboration, de l’appui technique de IPAR Think tank mobilisé par le FIDA et des contributions des experts de Intervalle et de AGRA. En partenariat avec Intervalle, IPAR a également participé, en plus de la présentation du compact du Sénégal, à la présentation de ceux du Bénin, du Cap Vert, de la Gambie et du Ghana.

Les mesures politiques prises ont ainsi été consignées dans la déclaration finale du sommet dont les engagements sont les suivants :

  • Finaliser l’élaboration des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture approuvés lors du Sommet Dakar 2 en collaboration avec les parties prenantes des pays, les partenaires au développement et le secteur privé afin de parvenir à la sécurité et à l’autosuffisance alimentaires ;
  • Etablir des Conseils présidentiels pour superviser la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture ;
  • Soutenir la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture avec des indicateurs de réussite clairement mesurables et assortis de délais, notamment en adoptant des politiques nationales concrètes, des mesures d’incitation et des réglementations visant à créer un environnement propice à des investissements plus importants et accélérés dans le secteur agricole ;
  • Mobiliser des financements internes et externes pour les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture auprès d’un large éventail de partenaires multilatéraux et bilatéraux et du secteur privé ;
  • Augmenter le financement des budgets nationaux pour soutenir les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture conformément à la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie en allouant au moins 10 % des dépenses publiques à l’agriculture ; et
  • Demander à la Commission de l’Union africaine et à la Banque africaine de développement d’assurer le suivi avec les différents partenaires au développement afin de finaliser le soutien financier de 30 milliards de dollars annoncés lors de ce Sommet, de rechercher un appui financier supplémentaire auprès d’autres partenaires, et de rendre compte du financement global des partenaires au développement ; et veiller à ce que la Déclaration du Sommet Dakar 2 soit soumise au Sommet de l’Union africaine de février 2023 pour examen

A noter que les partenaires au développement se sont engagés à investir 30 milliards de dollars pour stimuler la production alimentaire en Afrique. La BAD prévoit de contribuer à hauteur de 10 milliards de dollars sur cinq ans, tandis que la Banque islamique de développement projette d’injecter 5 milliards de dollars pour appuyer les efforts du Continent.

Plus d’informations disponibles sur le site de la BAD

Discours du Président Macky SALL à la cérémonie d’ouverture

Discours prononcé par Akinwumi A. Adesina, président de la Banque africaine de développement

Déclaration de Dakar sur la souveraineté alimentaire et la résilience (Dakar 2)

Suivez les temps forts de la journée de clôture du deuxième sommet de Dakar sur la souveraineté alimentaire et la résilience

Galerie photos