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www.sudonline.sn : SUBVENTIONS AGRICOLES AU SENEGAL

Publié le 29 mai 2016

Quand l’Etat enrichit les operateurs économiques au détriment des agriculteurs.

Une table-ronde sur « L’entreprenariat social qui cible les organisations œuvrant pour la paix et la gouvernance démocratique au Sénégal » a réuni acteurs de l’Etat et de la société civile œuvrant dans le social hier, jeudi 26 mai 2016 à Dakar. La rencontre a été l’occasion pour les participants, lors des concertations sur les subventions agricoles de se désoler du manque de transparence dans la distribution des intrants. Car, selon eux, « les subventions profitent plus aux operateurs économiques qu’aux agriculteurs ».

Au Sénégal, les nombreux efforts du gouvernement qui manifesté clairement sa volonté de faire de l’agriculture le moteur de la croissance et la première source de création d’emplois, risquent de produire les effets escomptés. Et pour cause, « les subventions (de l’Etat dans ce secteur, ndlr) profitent plus aux operateurs économiques qu’aux agriculteurs ». C’est en substance ce que l’on peut retenir de la table-ronde qui a réuni hier, jeudi 26 mai 2016 à Dakar, des acteurs étatiques et des organisations de la société civile œuvrant dans le social sur « L’entreprenariat social qui cible les organisations œuvrant pour la paix et la gouvernance démocratique au Sénégal ».

Dr Ibrahima Hathie, Economiste agricole, par ailleurs Directeur de recherche du Think Tank Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) a fait remarquer que le système de distribution de cette subvention agricole est encore très insatisfaisante. Car, selon lui, « ceux qui bénéficient de la subvention ne sont pas les agriculteurs mais les opérateurs économiques ».

Pour le vice président de l’Association des maires du Sénégal (AMA) « les communes ont été déresponsabilisées au profit des préfets ». Pis, les subventions sont, ainsi, captées par les grands exploitants agricoles au détriment des petits producteurs pauvres. Les gros producteurs, les représentants des partis politiques, des marabouts et hauts fonctionnaires, entre autres ont des responsabilités dans ce disfonctionnement. Suffisant pour que les participants en appellent à « l’Etat qui doit prendre des mesures ».

Et, c’est pour y remédier que la Banque mondiale, à travers le Programme de productivité agricole de l’Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), soutien le gouvernement du Sénégal pour la mise en place d’une plateforme électronique pour la distribution des subventions agricoles. Cette plateforme a pour objectif de réduire les nombreuses sources d’inefficiences observées au Sénégal dans la distribution des subventions agricoles en améliorant la transparence, le ciblage des bénéficiaires, des cultures et des intrants. Il s’y ajoute la période, l’efficience et l’impact sur la productivité.
« Pour cela, la mise en place d’un système d’information et de traçabilité contribuerait à améliorer la transparence et à optimiser l’efficacité dans l’allocation des importantes ressources publiques dédiées aux subventions », a souligné le représentant du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rurale. D’ailleurs, pour l’accomplissement de sa volonté faire de l’agriculture le moteur de la croissance et la première source de création d’emplois, le gouvernement du Sénégal a opté pour une politique de subventions agricoles.

PREPARATIFS DE LA CAMPAGNE AGRICOLE 2016/2017 EN CHIFFRE

A titre illustratif, pour la campagne agricole 2016/2017 qui s’annonce, 25 milliards de F Cfa seront mobilisés par l’Etat du Sénégal et 7 autres milliards de F Cfa par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest. Aussi, 50.000 tonnes de semences certifiées, 25.000 tonnes de semences écrémées et 94.000 tonnes d’engrais pour différents types de culture seront mis à disposition des paysans. Sans compter les 20.000 unités pour le matériel attelé et 2000 tracteurs, pour un coût global estimé à 80 milliards de F Cfa.

La table ronde de Dakar a été organisée dans le cadre du programme d’Accompagnement des Initiatives Citoyennes de la Société Civile (PAISC), financé par l’Union Européenne (UE), le ministère de l’Economie des Finances et du Plan, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural et Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR). Elle a été une opportunité de créer un cadre d’échanges entre les acteurs de l’Etat, les élus locaux, la société civile, les institutions de recherche, et du secteur privé ainsi que les partenaires au développement. Elle a pour objectif général, de favoriser l’implication citoyenne dans la gouvernance de l’action publique. Il s’agit spécifiquement d’accompagner l’Etat et les producteurs à améliorer les pratiques et les impacts des subventions agricoles, avec un focus sur les orientations stratégiques, les contraintes, les réussites et les échecs, en s’appuyant sur l’étude « Traçabilité et impact des subventions agricoles », pour une agriculture sénégalaise plus performante.

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Par Abdoulaye DIAO - 27/05/2016