Think tank sur les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest

Accueil / Actualités / Revue de Presse / ’’95% des terres échappent aux Sénégalais’’ (Moustapha Sourang)

’’95% des terres échappent aux Sénégalais’’ (Moustapha Sourang)

Publié le 30 mai 2015

Ziguinchor, 30 mai (APS) – 95% des terres échappent aux Sénégalais en raison de la loi sur le domaine national, a indiqué, vendredi à Ziguinchor (Sud), le président de la Commission nationale de réforme foncière (CNRF), Moustapha Sourang, qui a relevé une ’’nécessaire’’ évolution dans le foncier.

‘’A l’heure actuelle, 95% des terres du Sénégal échappent aux Sénégalais’’ a-t-il déclaré, lors d’un Comité régional de développement (CRD) sur les enjeux de la réforme foncière.

‘’Ce sont les terres du domaine national. Il n’y a que des droits d’affectation et d’usage’’, a précisé le président de la CRNF.

Le Professeur Sourang a renseigné que seuls 152.000 individus sur 14.000.000 de Sénégalais disposent de titres fonciers, estimant que ce ratio est ’’très faible’’.

‘’Sur les 152.000 titres fonciers, beaucoup appartiennent à un même individu. Il y a une sous-bancarisation. C’est un élément anti-économique. La terre ne peut pas être travaillée’’, a-t-il dénoncé.

D’après le Professeur Sourang, ‘’c’est le contraire de tout ce qui se passe dans le reste du monde où le moindre mètre carré est répertorié, daté, borné et mis dans le commerce juridique soit par l’Etat, soit par les collectivités, soit par les particuliers’’.

‘’Le Sénégal doit donc, en faisant de l’agriculture le pilier de l’émergence, moderniser son outil agricole et permettre son financement’’ a-t-il estimé.

‘’Il faut accepter les évolutions nécessaires. La terre est aussi un bien économique. Il faut la faire travailler, mais en mettant des garde-fous, des clauses de sauvegarde et des clauses de retour pour contrôler les évolutions’’, a encore préconisé Moustapha Sourang.

Sur l’accès des femmes à la terre, le président de la CNRF a suggéré la création de ‘’domaines communautaires agricoles’’, citant l’exemple du Domaine agricole communautaire (DAC) de Séfa, dans la région de Sédhiou.

Le Professeur Sourang a soutenu qu’il faudra aussi ’’fixer les jeunes à la terre pour que cela serve d’antidote à l’émigration clandestine’’.

‘’Il n’y a pas de raisons qu’ils quittent des milliers d’hectares ici pour aller s’entasser dans des bateaux au moment où les ressortissants de ces pays viennent prendre leurs terres, les louent et emploient leurs parents comme ouvriers agricoles’’, s’est il désolé.

Source : http://www.aps.sn/articles.php?id_article=142754