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Abdoulaye Mbodj, chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal en France : « D’ici peu, notre pays sera envahi par les investisseurs agricoles français »

Publié le 12 mars 2015

Présent pendant toute la durée du Salon international de l’agriculture (Sia) de Paris aux côtés de la délégation sénégalaise, le chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal en France, Abdoulaye Mbodj, s’est félicité de l’intérêt que les investisseurs français et la diaspora accordent à l’agriculture de notre pays. Dans cet entretien tenu en marge du Sia, M. Mbodj invite le Sénégal à s’insérer dans les chaînes de valeurs internationales. 

Le Sénégal vient de participer au Salon international de l’agriculture et au Salon de l’agriculture et du machinisme agricole. Quelles peuvent être les retombeés de ces deux rencontres pour notre pays ?
Ces deux événements présentent d’énormes opportunités pour notre pays. A Versailles, au Salon international de l’agriculture (Sia), nos compatriotes ont pu voir, effectivement, tous les progrès, toute l’expertise mais aussi tout le développement que suscite l’activité agricole sur le plan des semences et des engrais. En visitant tous les stands, la délégation sénégalaise a pu constater, de visu, l’expertise française et européenne dans le domaine agricole. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de l’agrobusiness sans pour autant évoquer la question du machinisme. En voyant ce qui a été exposé à Villepinte, au Salon du machinisme agricole, en termes de matériels de très grande capacité, je pense que si l’on veut réussir notre agrobusiness, il va falloir que nous franchissions un pas important vers le machinisme et l’automation. Et je reste fondé que le Sénégal est sur une bonne voie avec le Plan Sénégal émergent (Pse), car le président de la République a décidé de faire de l’agriculture le moteur du développement au Sénégal. Il est important que l’on sache que l’agriculture ne peut plus se faire sans le machinisme.

Au bureau économique, qu’est-ce qui est en train d’être fait pour accompagner cette dynamique, notamment pour capter les investissements étrangers ?
Notre prérogative est de développer l’investissement direct étranger. Au bureau économique ici en France, nous recevons énormément de potentiels investisseurs, surtout dans le domaine agricole. Nous avons aussi pris contact avec beaucoup de coopératives et nous nous réjouissons du fait que beaucoup d’investisseurs privés français soient intéressés par ce qui se fait en ce moment au Sénégal dans l’agriculture. Je suis sûr que d’ici peu, le Sénégal sera envahi par les investisseurs du secteur agricole français. Une structure dénommée « Avril » est intéressée par la Suneor. Les pourparlers sont bien avancés et des chiffres ont été même annoncés à hauteur de 12 milliards de FCfa. C’est une structure qui souhaite transformer l’huile d’arachide du Sénégal et l’exporter en Europe. Il y a donc énormément de créneaux et d’opportunités qu’offre aujourd’hui le Sénégal. L’environnement des affaires est très bien assaini. Il est aujourd’hui important de saisir tout ce que le Sénégal offre comme opportunités d’affaires.

Les autorités étatiques souhaiteraient que la diaspora s’approprie des opportunités offertes en ce moment au Sénégal en termes d’affaires. Que peut-on attendre d’elle ?
Je peux vous dire que la diaspora sénégalaise s’est déjà approprié les politiques économiques en cours au Sénégal. Pour preuve, nous recevons énormément de personnes avec des « business plans » très bien élaborés, surtout des Sénégalais qui sont intéressés par le volet agriculture du Plan Sénégal émergent. Je suis persuadé que le message qui a été lancé par le chef de l’Etat et par le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a été bien entendu. Les gens ont compris qu’aujourd’hui, l’agriculture peut nourrir son homme. C’est un business et un créneau à saisir. Dans le passé, la plupart des personnes que nous recevions dans notre bureau ne nous parlaient que d’informatique et des nouvelles technologies, mais aujourd’hui, on ne nous parle que d’agriculture. Et à ce propos, le bureau économique a sélectionné un certain nombre de « business plans » qu’il va soumettre bientôt à l’appréciation des différents fonds mis en place par le Sénégal pour le financement des porteurs de projets. On peut citer le Fongip, la Bnde, le Crédit agricole, le Fonsis, etc. Tous ces outils sont mis aujourd’hui à la disposition des porteurs de projets vivant non seulement au Sénégal mais aussi à l’extérieur. Le volet diaspora bénéficie aujourd’hui d’une attention particulière en termes de financement. Et je suis sûr, dans un tel contexte, que l’autosuffisance au Sénégal ne sera plus un slogan mais bientôt une réalité.

Des mesures d’accompagnement ont-elles été prises par le Bureau économique ici en France ?
Oui. Comme je l’ai souligné tantôt, nous recevons beaucoup de porteurs de projets et nous les incitons à bien ficeler leur « business plan » en donnant notre avis sur certains aspects. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, beaucoup de projets sont en phase de finalisation sur le plan du financement. Nous sommes sur une bonne dynamique. Bientôt le Sénégal sera envahi par sa diaspora qui, aujourd’hui, à compris qu’elle est actrice du développement au bercail et qu’elle a sa part à prendre dans toutes les politiques de développement économique au pays. Avec le recul et pour avoir vécu dans des pays développés, la diaspora a compris que le Sénégal ne peut pas atteindre l’émergence sans pour autant consommer ce que l’on produit. Aujourd’hui, au-delà de la production, le Sénégal doit faire des efforts dans la transformation et s’insérer dans les chaînes de valeurs internationales. Notre pays est sur la bonne voie depuis l’avènement du Pse. Ce Plan est très bien accepté et nos partenaires techniques et financiers se sont approprié le Pse. A notre niveau, nous essayerons de profiter de ce qui se fait le mieux en Europe et surtout ici en France, notre zone de juridiction. Déjà, lors du Forum France-Afrique, beaucoup de décisions ont été prises pour accompagner les mesures de croissance au Sénégal. Et je suis certain que la coopération française va reprendre son envol dans notre pays.

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Paris, Seydou Prosper SADIO
THURSDAY, 12 MARCH 2015
Source : http://goo.gl/XyDBA7