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Analyse multicritère et coût-efficacité du programme d’aide Alimentaire d’urgence de l’état sénégalais

Publié le 26 novembre 2021

La Covid-19 a marqué le monde entier par son caractère soudain, sa vitesse de propagation, ses impacts économiques, mais surtout ses incidences sur la pauvreté, en particulier dans les pays en développement. Au Sénégal, plusieurs mesures de soutien, notamment l’aide alimentaire et le transfert d’argent, ont été mises en place pour renforcer la résilience des plus défavorisés. Ce rapport examine l’aide alimentaire d’urgence de l’État selon plusieurs critères : l’efficacité, le ciblage, les effets multiplicateurs, la distribution, le niveau de satisfaction, etc.

Nous utilisons d’une part des données d’enquêtes collectées auprès des bénéficiaires et non bénéficiaires. D’autre part, nous appliquons la méthode de l’analyse coût-efficacité pour étudier l’efficience du programme. Ce programme est également comparé à deux modalités de soutien aux ménages vulnérables : le « panier de la ménagère » des Nations Unies et le projet de transfert d’argent, de distribution de farine enrichie et de sensibilisation d’ARC-Replica.

Les résultats révèlent que l’aide de l’État a significativement augmenté la consommation de sucre, de riz et d’huile des ménages bénéficiaires par rapport aux non-bénéficiaires. Cependant, il n’a pas eu d’effet significatif sur la consommation des autres biens alimentaires. De plus, le calcul du score de consommation alimentaire montre que le programme n’a pas permis d’améliorer la sécurité alimentaire des ménages bénéficiaires, en comparaison aux ménages non bénéficiaires. En d’autres termes, les deux groupes présentent le même niveau de sécurité alimentaire. Nous constatons aussi des défaillances liées au ciblage, avec une erreur d’exclusion estimée à 40 %. Cependant, les ménages bénéficiaires interviewés restent globalement satisfaits, principalement en ce qui concerne le choix du panier et la distribution.

Enfin, l’analyse coût-efficacité révèle que 93 % des dépenses ont directement été destinées à l’achat des kits. Néanmoins, même si le programme demeure assez efficient, notamment grâce aux économies de coûts induits par l’utilisation du RNU, les résultats montrent que le projet d’ARC-Replica a été plus efficient. Vu les ressources limitées, les programmes de soutien aux ménages vulnérables en cas de choc devraient mieux cibler les nécessiteux, éviter les doublons et donc minimiser les erreurs d’exclusion et d’inclusion. En outre, la diversité alimentaire, les réalités liées à la zone, la promotion du consommer-local, ainsi que la prise en compte des couches les plus vulnérables (femmes, enfants handicapés), devraient être des facteurs importants de choix des kits, à l’instar des modalités d’aide des Nations-Unies et d’ARC-Replica. L’État pourrait alors s’inspirer de ces deux programmes pour améliorer ses interventions futures.