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Débat sur l’impact des investissements privés agricoles italiens dans les biocarburants

Publié le 25 mai 2014

Organisé par l’IPAR, l’atelier débat sur l’impact des investissements privés italiens dans les biocarburants au Sénégal, s’est tenu le 15 ocotbre 2012, à l’hôtel Ngor Diarama, à Dakar. Il a été présidé par le Dr Ndiobo Diène, Conseiller technique du Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement Rural. Les premiers résultats de l’étude ont été présentés par le Dr Ibrahima Hathie et ils ont fait l’objet d’un débat très animé entre des participants venus de régions et d’institutions diverses.

Pendant une demi-journée, l’impact des investissements a été passée en revue par une grande diversité d’acteurs : membres des organisations des zones d’accueil des projets (Saint-Louis, Thiès, Tambacounda) ; Organisations paysannes ; société civile ; secteur privé ; ministères et directions, partenaires techniques et financiers, etc.

La cérémonie d’ouverture a permis au Dr Cheikh Oumar Bâ, au nom du Président de l’IPAR de resituer l’étude par rapport aux enjeux nationaux sur les investissements agricoles et sur les biocarburants. Dr Ndiobo Diène a relevé la qualité de l’étude aussi bien dans l’écriture que dans l’analyse d’autant plus que le thème traité constitue un « dossier délicat ». Il a salué la pertinence de l’initiative qui permet de débattre entre acteurs divers, ce qui est effectivement une des fonctions d’IPAR en tant que Think Tank.

Aussi, le Président du conseil rural de Fanaye, M. Abdou Karasse KANE, a également salué l’initiative tout en précisant qu’il serait intéressant d’organiser une restitution sur le terrain.

L’atelier a été introduit par Dr Daouda Diagne qui a campé les enjeux et les objectifs de l’atelier, à savoir : partager les premiers résultats de l’étude et de débattre de la problématique des investissements agricoles étrangers, dans le but d’affiner les propositions d’amélioration.

La présentation de l’étude a été faite par Dr Ibrahima Hathie qui a passé en revue différents aspects qui ont porté essentiellement sur : (i) les processus d’investissement, de consultation et d’acquisition foncière ; (ii) les effets socioéconomiques sur les communautés locales ; et, (iii) des propositions d’amélioration.

Sur les processus d’investissements, on peut retenir quelques éléments clés suivants :

  • forte implication des autorités dans le processus d’investissement (Ministères et APIX) ;
  • La déconnexion entre le processus d’agrément de l’investissement et l’acquisition foncière ;
  • Le manque de transparence dans le processus d’acquisition foncière (jeu parfois nébuleux de conseillers ruraux) ;
  • Le rôle clé des intermédiaires pour l’acquisition des terres ;
  • La consultation tronquée mettant en exergue les emplois à créer et masquant les effets négatifs de l’intervention
  • Le décalage entre les positions des conseillers ruraux et des populations
  • Un processus d’acquisition foncière qui a piégé à la fois les investisseurs et ceux qui ont cédé leurs terres ;
  • Des modèles d’affaires inappropriés ou prenant peu compte des intérêts des agriculteurs ;
  • Des informations limitées aux parties prenantes (violation du droit à une information préalable et éclairée) ;
  • Des problèmes de sécurité alimentaire faiblement pris en compte.

Concernant les effets socio-économiques, les éléments suivants sont ressortis :

  • Des revenus plus ou moins importants distribués (1500F/j) durant la phase d’installation des projets dans un contexte de pauvreté rurale généralisée ;
  • Des emplois souvent éphémères et dont le nombre est très en deçà des promesses ;
  • La perte de droits fonciers par les paysans et l’impact sur la sécurité alimentaire (baisse production) ;
  • Les dommages environnementaux en l’absence de toute étude d’impact environnementale comme requis par la législation ;
  • L’enrichissement d’intermédiaires et le désarroi d’investisseurs face à l’opposition des populations.

    Le débat a été très animé avec différents avis en fonction des acteurs qui se sont exprimés. Mais globalement l’initiative a été saluée dans la mesure où elle permet de faire ressortir un certain nombre d’enjeux comme : la transparence et l’accès à la bonne information pour que les populations puissent faire des choix libres et éclairés ; les risques de concurrences entre la biocarburant et la sécurité ou la souveraineté alimentaire ; les choix stratégiques pour répondre aux défis énergique y compris le solaire, l’éolienne ; la nécessité d’une réforme foncière et la sécurisation des exploitations familiales ; etc.

Des recommandations ont été formulées parmi lesquelles : l’organisation prochaine d’atelier-débats avec : (i) les populations concernées à la base sous la forme de « fora locaux » ; (ii) les autorités administratives ; (iii) les parlementaires. Ces recommandations sont pour l’IPAR mais également pour les autorités qui pourraient s’impliquer dans ce processus.