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Dialogue public–privé sur les impacts systémiques de l’assurance agricole sur le système de marché sénégalais
Publié le 29 juillet 2024
Le projet Feed the Future Sénégal « Dooleel Mbay », financé par l’USAID et mis en œuvre par RTI, a organisé un dialogue public-privé sur l’assurance agricole au Sénégal. Cette activité se base sur des évidences notamment, sur une récente étude intitulée « Rapport d’Apprentissage : Les impacts Systémiques de l’assurance agricole sur le système de marché Sénégalais » et réalisée par IPAR en collaboration avec ASPRODEB, MSA, la CNAAS et d’autres partenaires.
Les systèmes de production sénégalais subissent de plein fouet les effets induits par le changement et les variabilités climatiques. Les phénomènes météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, fortes pluies, tempêtes et sécheresses, etc.) devenus plus fréquents et avec une intensité plus importante, ainsi que les actions anthropiques, contribuent à la modification de l’équilibre écologique des écosystèmes de production agricole et d’élevage au Sénégal.
Les petits producteurs, particulièrement les exploitants familiaux, sont généralement les plus touchés par ces phénomènes qui mettent à rude épreuve leurs capacités de résilience. C’est pourquoi, des institutions internationales, les gouvernements, des chercheurs, des partenaires techniques et financiers, etc., accordent de plus en plus de l’importance à ces phénomènes, en essayant d’agir sur leurs conséquences et en développant des mécanismes de renforcement des capacités de résilience de ces producteurs. L’assurance agricole qui se développe grâce à l’implication des institutions financières (banques, IMF), se présente, aujourd’hui, comme un sérieux rempart offrant aux agriculteurs une protection financière en leur facilitant l’accès au crédit, améliorant leur productivité et réduisant leur vulnérabilité aux chocs récurrents.
Au Sénégal, la promotion de l’assurance agricole et sa vulgarisation à grande échelle pourraient être un sérieux gage de performance des systèmes agricoles et d’élevage. Une meilleure connaissance et une lisibilité du paysage de l’assurance agricole deviennent des enjeux majeurs pour les Réseaux de Producteurs, le MASAE, les partenaires techniques et financiers et les projets de développement.
L’importance de l’assurance agricole est aujourd’hui reconnue au plus haut niveau de l’Etat et est fortement recommandée à travers les documents de politique et d’orientation agricole, notamment la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) en son article 57 qui stipule, que l’Etat, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles, définit et met en œuvre une politique de soutien aux assurances agricoles, afin de sécuriser les productions, les revenus et les équipements. Sur le plan opérationnel, la Direction des Assurances du Ministère des Finances et du Budget met en œuvre, avec l’appui de GIZ, un laboratoire d’apprentissage pour améliorer (i) la réglementation et (ii) les produits et la stratégie de distribution d’une assurance inclusive ciblant principalement les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs.
Les impacts systémiques de l’assurance agricole sur le système de marché sénégalais passés au crible par le projet « Doolel Mbay »
S’appuyant sur des évidences, notamment sur une récente étude portant sur « les impacts Systémiques de l’assurance agricole sur le système de marché sénégalais » réalisée par l’IPAR en collaboration avec ASPRODEB, MSA, la CNAAS et d’autres partenaires, le projet « Doolel Mbay », financé par l’USAID et mis en œuvre par RTI, a organisé un dialogue public-privé sur l’assurance agricole au Sénégal, le 24 juin 2024 aux « Résidences Mamoune » à Dakar.
Ce dialogue qui a mobilisé, en plus de ses initiateurs, des acteurs de la société civile, des représentants du Ministère des finances et du Budget du Sénégal, d’OP, des institutions bancaires et de microfinance, des services techniques, des élus, etc., a été marqué par les temps forts suivants :
- Une cérémonie d’ouverture présidée par Mr Amaye Sy, commissaire contrôleur au Ministère des finances et du Budget, en présence de Mr Mouhamadou Moustapha Fall, directeur de la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole (CNAAS), Mr El hadji Abdou Guèye, Senior Technical Advisor du projet « Dooleel Mbay », Mme Nimna Diayité présidente de la FEPROMAS et Dr Cheikh Oumar Ba, Directeur Exécutif de l’IPAR.
- Une session introductive et de présentation de l’assurance agricole au Sénégal faite par un représentant du CNAAS ;
- Une séance de présentation du contexte, de la méthodologie mais également des résultats de l’étude sur les impacts systémiques de l’assurance agricole sur le système de marché sénégalais animée par Dr Malick Lèye, responsable de la gestion des connaissances à l’IPAR. L’objectif général de cette étude est de « Disposer d’évidences et de données probantes sur les pratiques et opportunités présentées par l’assurance agricole au Sénégal afin d’optimiser les interventions de « Dooleel Mbay » dans ce domaine et susciter un dialogue entre les différentes parties prenantes » ;
- Une session de présentation de la stratégie nationale d’assurance inclusive du Sénégal ;
- Un panel sur les expériences, les mécanismes et les outils pour l’accroissement et l’accès à une assurance agricole diversifiée et adaptée et surtout le Rôle de chaque partie prenante pour l’atteinte de cet objectif ;
- Une séance de clôture qui a permis de faire la synthèse des réflexions et de dégager les perspectives (prochaines étapes).
Les allocutions d’ouvertures ont insisté sur l’importance et l’opportunité de ce dialogue qui rassemble toutes les parties prenantes clés, à savoir, les agents gouvernementaux, la société civile et les partenaires au développement tel que l’USAID. Mr Mouhamadou Moustapha Fall, directeur de la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole (CNAAS), a remercié le projet « Dooleel Mbay », IPAR, ASPRODEB et tous les partenaires qui ont rendu possible ce dialogue qui explore les défis et opportunités actuels de l’assurance agricole au Sénégal. Il a demandé aux participants de bien vouloir participer activement pour identifier des solutions novatrices pour une souveraineté alimentaire accrue au Sénégal.
Pour la présidente de la FEPROMAS, Mme Nimna Diayité, le dialogue est venu à son heure pour que les acteurs puissent s’assoir et discuter sur comment faire de l’assurance un outil qui va profiter aux agriculteurs mais aussi aux assureurs.
Mr Amaye Sy, s’est dit honoré de représenter le directeur des assurances et au-delà le ministre des finances à ce dialogue national qui apportera des solutions innovantes pour booster davantage l’offre de produits d’assurance adaptés aux producteurs. Il souligne que « le Sénégal est un des pays modèles dans l’espace CIMA dans le secteur et c’est grâce aux progrès réalisés depuis plus d’une quinzaine d’années au niveau de la promotion et de l’offre de produits de l’assurance agricole ». Toutefois, selon lui, « des défis persistent et au sortir de ce dialogue, des solutions pourront en ressortir avec les différents acteurs ». Il assure également que « au niveau étatique, des stratégies et politiques sont en train d’être mis en place pour accompagner le secteur » avant de se réjouir sur le fait que « les résultats du dialogue viendront renforcer les réflexions qui ont déjà été entamées ».
Dr Cheikh Oumar Ba, Directeur Exécutive de L’IPAR, a magnifié le rôle catalyseur du projet « Dooleel Mbay » sur les chaines de valeur agricoles et son approche de facilitation envers les petits producteurs. Il a également profité de son allocution pour revenir sur le rôle de l’organisme de recherche qu’il dirige, au sein du consortium du projet « Dooleel Mbay » soulignant que l’IPAR est un think tank sur les politiques publiques qui, à partir d’évidences, amène les acteurs à dialoguer autour de l’intérêt général. Sur la question de l’assurance agricole, il souligne que c’est un secteur « en pleine croissance », précisant que le positionnement du projet sur l’assurance agricole c’est pour « aider les petits producteurs à être plus résilients ».
Quant à El Hadj Abdou Gueye, de « Doolel Mbay », il est revenu sur le rôle facilitateur du projet qui fait partie d’un ensemble de projets supporté par Feed the future USAID et travaille sur les 6 chaines de valeurs que sont : les chaines de valeur céréalières (riz irrigué et pluvial, le mil et le maïs), l’horticulture (les légumes de type africain, la mangue) et les petits ruminants. Ces chaines de valeurs sont mises en œuvre par les petits producteurs qui sont confrontés à des risques liés au changement climatique qui fait que depuis 2012, l’USAID a accompagné, à travers ces différents projets, la CNAAS à mettre à disposition ses produits d’assurance agricole adaptés aux exploitations agricoles.
Des recommandations fortes pour une assurance agricole adaptée aux besoins des OP
Au terme du dialogue sur l’assurance agricole au Sénégal, les recommandations ci-après ont été formulées :
- Adapter les produits d’assurance agricole aux besoins spécifiques des petits producteurs. Cela inclut la création de produits flexibles qui prennent en compte les différentes réalités des exploitations agricoles, telles que les cultures céréalières, l’horticulture et l’élevage.
- Positionner l’assurance agricole comme un outil stratégique pour renforcer la résilience des petits producteurs face aux aléas climatiques et autres risques. Cela nécessite une conception proactive des produits qui encourage la gestion des risques et la durabilité agricole.
- Poursuivre et intensifier les dialogues public-privé, en impliquant divers acteurs tels que les représentants gouvernementaux, la société civile, les assureurs et les organisations de développement. Cela permettra d’identifier des solutions novatrices et de promouvoir une souveraineté alimentaire accrue.
- Renforcer les initiatives d’éducation et de sensibilisation pour améliorer la compréhension des agriculteurs sur l’importance de l’assurance agricole. Cela pourrait inclure des programmes de formation sur la gestion des risques et l’utilisation des produits d’assurance.
- Continuer à soutenir la recherche et l’analyse des impacts de l’assurance agricole sur le marché agricole sénégalais. Cela permettra d’évaluer l’efficacité des programmes existants, de découvrir de nouvelles opportunités et d’ajuster les politiques en conséquence.
- Soutenir la mise en place de stratégies et de politiques étatiques favorisant le développement de l’assurance agricole. Cela pourrait inclure des incitations fiscales, des régulations favorables et des cadres de soutien pour les compagnies d’assurance opérant dans le secteur agricole.
- Élargir l’accès à l’assurance agricole en facilitant la souscription et en réduisant les obstacles administratifs pour les petits producteurs. Cela pourrait passer par des technologies innovantes comme les plateformes numériques pour la souscription et la gestion des polices d’assurance.
Ces recommandations visent à soutenir le développement continu de l’assurance agricole au Sénégal, en renforçant sa pertinence, son accessibilité et son efficacité pour les agriculteurs et les autres parties prenantes impliquées dans le secteur agricole.