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Effets de la covid-19 sur les activités des femmes dans les Niayes
Publié le 29 décembre 2021
Les répercussions socioéconomiques des mesures restrictives mises en place par l’État du Sénégal, à la date du 23 mars 2020, pour endiguer la pandémie à coronavirus ont fortement affecté les différentes composantes des systèmes alimentaires des Niayes, qui reposent essentiellement sur les secteurs horticole, avicole et de la pêche artisanale. Bien qu’elles n’épargnent aucune catégorie de sexes ni d’acteurs, les conséquences de ces mesures ont une dimension sexospécifique. En effet, les femmes sont plus vulnérables aux conséquences de cette pandémie qui exacerbent les inégalités préexistantes.
Ce rapport, d’une part, examine les conséquences socioéconomiques des mesures restrictives sur les activités de production, de transformation et de commercialisation de produits horticoles, avicoles et halieutiques menées par les femmes, ainsi que sur leur ménage. D’autre part, il analyse les stratégies individuelles et collectives d’adaptation développées par les femmes et leur communauté pour faire face à ce choc. Les résultats de la recherche révèlent que les femmes, toutes catégories d’activités confondues, occupent les segments les plus vulnérables de ces activités, marqués par l’informalité, une faible productivité, une irrégularité ou de faibles revenus et par l’accès limité aux ressources et actifs, qui entravent leurs capacités d’autonomisation et les exposent davantage aux chocs socioéconomiques.
Prises à la fois individuellement et de façon imbriquée, les mesures restrictives ont perturbé les chaînes logistiques ; ce qui se traduit par des difficultés d’écoulement, de commercialisation et d’approvisionnement, avec des pertes considérables de revenus et un endettement important comme conséquences immédiates. En effet, 100 % des productrices horticoles et des transformatrices de produits halieutiques, 95 % des micro-mareyeuses, 92,3 % des commerçantes de produits horticoles, 81,8 % des transformatrices de produits horticoles et 80 % des avicultrices disent être affectées par ces mesures. Ces principales difficultés rencontrées se traduisent par une mévente et des stocks en souffrance. Les difficultés d’approvisionnement des produits horticoles et halieutiques ont davantage touché les activités de transformation (respectivement 90,9 % et 68,4 %) et de commercialisation (75 % et 60 %), alors que 47,4 % des productrices horticoles et 25 % des avicultrices déclarent avoir été confrontées aux difficultés d’approvisionnement en intrants.
Les conséquences immédiates de cette situation sont les pertes considérables de revenus : soit une affirmation de 100 % des répondantes des activités de production, de transformation et de commercialisation horticoles et halieutiques et 85 % des avicultrices. Le taux de variation moyen des revenus les plus bas est de 57,8 % pour les commerçantes revendeuses de produits horticoles, et le plus élevé est de 66 % pour les micro-mareyeuses. En outre, 100 % des productrices et des commerçantes horticoles, 92,9 % des transformatrices de produits halieutiques et 77,8 % des avicultrices se sont retrouvées dans une situation d’endettement important qui menace la poursuite des activités et affecte les moyens d’existence des ménages.
Pour faire face aux conséquences susmentionnées de la Covid-19 sur leurs activités et leur ménage, les femmes et leur communauté ont développé des stratégies individuelles et collectives. Elles se traduisent par la suspension temporaire ou durable des activités, l’utilisation de l’épargne, le changement de pratiques de préparation et de consommation alimentaire, la vente de biens, le recours aux prêts bancaires et aux mécanismes de financement communautaire, la vente à crédit des produits, la reconversion dans un autre métier, et la diversification ou le changement de produits vendus ou transformés. Malgré les difficultés rencontrées, on note des stratégies allant dans le sens de la préservation de l’éducation des enfants. Cependant, l’urgence à laquelle cette pandémie les a soumises et leur faible autonomie économique font que ces stratégies sont plus réactives que planifiées, ce qui limite leur efficacité.