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Faliry Boly, secrétaire général du Sexagon (Mali)
Publié le 1er juin 2014
Faliry Boly est secrétaire général du Sexagon (Syndicat des Exploitants Agricoles de l’Office du Niger) au Mali. Son organisation est membre de la coordination internationale Via Campesina. Nous l’avons rencontré lors d’un atelier organisé par la Via Campesina sur la question des accaparements de terres, dans le cadre du Forum Social Mondial qui s’est tenu à Dakar en février 2011.
1. Pouvez-vous nous présenter le contexte foncier dans la zone de l’Office du Niger au Mali ?
L’Office du Niger est une vaste zone irrigable aménagée grâce à la réalisation d’un barrage et d’un système de canaux d’irrigation disposant d’une potentialité théorique de 900 000 ha irrigables. Des études de faisabilité avaient été faites dans les années 30, et aujourd’hui les réalités ont changé. On se demande s’il y a réellement toujours une possibilité d’aménager 900 000 ha en surfaces irriguées, alors qu’aujourd’hui nos autorités sont en train de se baser sur ces études pour octroyer des superficies à des pays arabes, des pays européens, chinois ou encore à des multinationales.
2. Quelles sont les réactions des populations et des organisations de producteurs face à cette situation ?
Nous sommes en train de dénoncer cette situation car des villages entiers sont déplacés pour installer ces nouveaux investisseurs qui viennent cultiver la canne à sucre. Mais est-ce qu’il y aura suffisamment de ressources en eau pour tout le monde ? Nous avons essayé d’attirer l’attention des autorités sur ce point et nous avons tenu un forum où de nombreux paysans ont témoigné des expropriations dont ils sont victimes. Nous avons porté tout cela auprès du ministère. Le ministre nous a dit carrément qu’il n’était pas au courant de ce qui se passe dans cette zone et que d’après les informations dont il disposait, ces zones n’étaient pas habitées. C’est sur cette base qu’il aurait octroyé des terres aux investisseurs étrangers.
3. Y a-t-il d’autres stratégies mises en œuvre par les organisations de producteurs à moyen terme ?
Oui, nous pensons qu’il ne faut pas nous limiter à porter seulement l’information aux autorités que nous devons aussi faire des propositions. Notre proposition, c’est d’aménager nous-mêmes ces terres. Nous sommes en train de travailler avec notre partenaire de SOS Faim pour négocier des fonds avec le Gouvernement Luxembourgeois pour avoir accès a un crédit à long terme pour réaliser ces aménagements. L’Etat n’aurait ainsi qu’à supporter une partie des coà »ts et les paysans s’occuperaient du reste. Le deuxième élément consisterait à donner des baux fonciers pour sécuriser les producteurs. Cela sécuriserait notre patrimoine sur le long terme pour les générations de nos enfants et petits-enfants. Nous souhaitons aussi que ces superficies soient des superficies économiquement viables, d’un minimum de 3 ha par producteur.
Voilà en résumé nos principales propositions. L’étude de faisabilité est aujourd’hui en cours et nous souhaitons convaincre le gouvernement d’accepter cette option car il est vrai que nous ne disposons pas actuellement des ressources nécessaires, mais tout est une question d’organisation. En Afrique, nous avons plus besoin de structuration et d’organisation, que d’argent. Les ressources dont nous avons besoin sont sous nos pieds, ce n’est pas la peine d’aller courir les chercher ailleurs.