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Journée mondiale de la femme - l’importance de l’accès des femmes au foncier

Publié le 2 juin 2014

Il y a un an, se tenait à Bruxelles, la conférence « Femmes, stabilité et développement au Sahel » co-organisée par Catherine Ashton, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Romano Prodi, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahel et Lakshmi Puri, Sous-Secrétaire général de l’Onu et directrice par intérim d’Onu Femmes.

Plus de quarante femmes originaires du Sahel, dont Mme Bineta Diop, de nationalité sénégalaise et fondatrice de « Femmes Africa Solidarité », qui se sont distinguées par leurs actions en faveur de la promotion du rôle de la femme pour la paix, la sécurité et le développement de la région se sont retrouvées et ont procédé à un état des lieux du rôle des femmes au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso, en Algérie, au Tchad en particulier. Elles ont réfléchi aux moyens de le promouvoir davantage.

En cette année 2014, l’Union européenne reste plus que jamais engagée à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation des femmes. Environ 200 projets et initiatives financés par l’UE à travers le monde visent actuellement à aider les femmes à accéder à l’éducation et aux services de santé, à travailler et à vivre sans être victimes de violences ou de discriminations, et à trouver leur place dans la société.

« Là où les femmes prospèrent, les sociétés prospèrent » a déclaré Catherine Ashton.

Au Sénégal, les femmes peuvent jouer un rôle clé pour que le « moteur agricole » fonctionne comme attendu pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et de productivité agricole prévus dans le Plan Sénégal émergent. Pour être ce moteur du développement agricole, les femmes doivent accéder à la terre.

Le 8 mars, journée internationale de la femme, nous donne l’occasion de réfléchir aux nouvelles formes de gouvernance qu’il convient de mettre en place pour assurer une égalité de chance à la population féminine trop souvent exclue des filières économiques nationales et internationales. La Délégation de l’Union européenne au Sénégal a voulu, en ce 8 mars, mettre en exergue le rôle des femmes dans le développement économique à travers l’agriculture et parraine, avec d’autres partenaires, dont l’Association des Juristes sénégalaises et Osiwa un atelier organisé par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) sur le thème de l’accès des femmes au foncier.
Le rôle des femmes dans l’émergence économique à travers l’agriculture

La convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’endroit des femmes(Cedef) mentionne dans son préambule :
Les Etats déclarent :

« Convaincus que l’instauration du nouvel ordre économique international fondé sur l’équité et la justice contribuera de façon significative à promouvoir l’égalité entre l’homme et la femme ».

Beaucoup de pays et de gouvernements ont ratifié les conventions et les protocoles relatifs aux droits humains, économiques et sociaux, mais bien des difficultés se posent dans leur application ce qui fait que l’égalité de chances et de traitement entre homme et femme est loin d’être atteinte.

Pouvons-nous parler d’émergence économique et de croissance sans tenir compte du poids démographique des femmes qui constituent la moitié de la population, sans donner à ladite population la chance de contribuer et de bénéficier de la relance parce que simplement privées de droits et de facto exclues des cercles de décisions et du commerce international ?
Sans des protections et garanties assurées par un cadre juridique approprié et des mesures de soutien pour renverser les inégalités de fait, les femmes continuent d’être restreintes dans leur accès aux opportunités d’investissement.

Au Sénégal, l’accès effectif des femmes au foncier se situe au cœur du débat sur l’égalité de chances. Les femmes ont identifié l’accès au foncier comme premier facteur d’amélioration de leur cadre de vie et de la sécurité alimentaire.

Si le droit à un habitat décent et à un bon cadre de vie est garanti par les conventions internationales et réaffirmé par la constitution sénégalaise de 2001 qui prône un égal accès à la terre, force est de constater que cet accès est limité pour les femmes.

Paradoxalement, les femmes constituent 70% de la main d’œuvre paysanne et elles ne détiennent pas plus de 3% des terres cultivées.

Le faible accès des femmes à la terre est lié à des facteurs politiques, socioculturels (pesanteurs sociales, système de transmission des terres) économiques (non prise en compte de la dimension genre dans les politiques agricoles) et juridiques (déficit d’informations sur les droits économiques et sociaux).
Pour une stratégie d’accès des femmes à la terre

Consciente des enjeux et défis à relever, l’Association des juristes sénégalaises, assistée par les partenaires au développement telles que l’Union européenne et Osiwa, a très tôt initié un processus participatif qui a permis de prendre en compte les préoccupations des acteurs et de mettre en place une stratégie pour une conquête de l’accès des femmes à la terre à la veille du grand rendez-vous de la Communauté internationale en 2015 pour l’ évaluation de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement.
Marie Delphine NDIAYE,
Présidente Honoraire,
Association des Juristes Sénégalaises

Dominique DELLICOUR,
Ambassadeur,
Délégation de l’Union europeenne au Sénégal

Source : http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=37099:journee-mondiale-de-la-femme-limportance-de-lacces-des-femmes-au-foncier&catid=238:idees-et-reflexions