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Monsieur Daniel André, Ingénieur agronome des Eaux et Forets, ancien directeur des Eaux et Forêts
Publié le 21 août 2014
Vous venez de présenter les résultats de l’étude que vous avez réalisée pour le compte de l’IPAR et qui s’intitule « Analyse de la gouvernance forestière au Sénégal  ». Pouvez-vous contextualiser cette étude ?
Le Sénégal a engagé un certain nombre de reformes surtout en matière de gouvernance foncière ; or, la foresterie est l’un des thèmes qui doit être pris en charge par ce cadre d’analyse de la gouvernance foncière. C’est dans ce cadre que nous avons fait cette étude qui vise à contribuer au processus de réforme foncière, afin que la dimension foresterie soit intégrée dans la réforme en cours.
Quels sont les enjeux et défis de la gouvernance foncière au Sénégal ?
Depuis 1996, le Sénégal s’est engagé dans le processus de décentralisation avec la loi n°96-06 du 22 mars 1996 qui porte code des collectivités locales. Ce qui confère le transfert d’un certain nombre de responsabilités aux collectivités locales.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’acte III de la décentralisation qui nous permettra de faire une évaluation de ce qu’a pu apporter ce transfert de compétences au niveau des collectivités locales.
Cette analyse nous a permis de noter certains dysfonctionnements ou distorsion qui peuvent exister du fait que les compétences ont été transférées ou se trouvent aujourd’hui entre les mains de plusieurs acteurs.
Vous avez tantôt évoqué l’acte III de la décentralisation, dans le cadre de cette nouvelle réforme, quels sont les enjeux liés à la gouvernance forestière ?
Avec l’Acte III de la décentralisation, nous sommes revenus à deux niveaux de collectivités locales qui sont le département et la commune. Cela veut dire qu’aujourd’hui, il n’existe plus de communautés rurales, mais la commune avec les nouvelles compétences et les mêmes prérogatives.
Tout cela pose des problèmes d’adaptation des textes en vigueur, au niveau de la gouvernance des activités forestières. Les grands enjeux de l’heure sont de voir comment tous les pouvoirs qui sont transférés à ces deux niveaux de collectivités seront mis en œuvre correctement sans qu’il y ait les distorsions qu’on a connu par le passé.
Quelles sont vos propositions pour éviter ces dysfonctionnements ?
Mon rôle était plutôt de faire une analyse de la situation actuelle, il appartiendra aux autorités qui en ont la compétence de voir comment elles mettront en œuvre cette analyse et pouvoir faire des propositions concrètes.
Ce qu’on peut aussi dire, c’est qu’aujourd’hui l’Etat lui-même doit pouvoir se restructurer, effectuer un certain nombre de redressement, de recomposition, de restructuration et également voir au niveau des collectivités locales comment les appuyer pour qu’elles puissent prendre en charge les compétences qui leurs sont transférées.
Cela veut dire qu’il faudra nécessairement un renforcement de capacités à leur niveau car beaucoup de compétences qui leur avaient été déjà octroyées depuis 1996, n’ont jamais été prises en charge, par manque de formations des élus et de l’administration en charge de ces domaines.
Il y a également le problème des moyens financiers pour mettre en œuvre toutes ces réformes qui se posent au niveau des collectivités locales. On constate souvent que ce sont les projets de développement des partenaires techniques et financiers qui appuient ces réformes. Ce qui pose alors le problème de la pérennisation des acquis quand ils vont se retirer.