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Plus de 5 milliards de pertes post-récoltes dans le département de Podor en 2022, dont plus de 2,5 milliards dans la zone de Fanaye

Publié le 30 juillet 2024

L’IPAR a restitué ce lundi 15 juillet àFanaye, une étude sur les pertes post-récoltes et les besoins en infrastructures de stockage et de conservation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques du département de Podor.

Cette restitution s’est tenue en présence du Préfet de Podor, du Sous-Préfet de Thillé Boubacar et de son adjoint, du SG du Conseil départemental, des représentants du projet Feed the Future Sénégal projet d’Appui aux Réformes et Politiques Agricoles (PSS) mis en œuvre par le consortium DAI/IPAR, du Ministère des Finances en charge des partenariats public-privé, du Marché d’Intérêt National de Diamniadio et de 09 Maires d’autres collectivités de Podor.

Le département de Podor représente 68% de la superficie de la région de Saint-Louis et son économie repose essentiellement sur la production agricole, l’élevage et la pêche. Elle est drainée par quatre cours d’eau et dispose de 140 000 ha de terres irrigables dont 27 000 ha aménagées. Dans l’optique d’une meilleure gestion et valorisation de la production locale, les producteurs du département avaient déjàunanimement constaté l’état aggravé des pertes post-récoltes. Ils l’avaient signalé lors de la tenue de la deuxième édition de la Revue Conjointe du Développement Local (RCDL) et suggéré, àcette occasion, une réflexion afin d’y apporter des solutions.
En réponse àcette requête des acteurs territoriaux, l’IPAR a initié, avec l’appui de l’USAID, une étude destinée àévaluer les besoins en infrastructures de stockage et de conservation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques de la commune de Fanaye et environs, tout en explorant des opportunités similaires àl’échelle du département de Podor. Cette étude a été restituée le lundi 15 aoà»t àla mairie de Fanaye avec plus de 70 représentants des différentes catégories d’acteurs, y compris les élus.
Il ressort de cette étude que l’absence d’infrastructures de stockage et de conservation (ISC) adaptées a entrainé une perte post-récolte estimée à5 612 789 825 FCFA, dans le département de Podor en 2022, dont plus de 2 500 000 000 FCFA àFanaye et Environs. L’étude révèle également que la quasi-totalité des cultures sont touchées (riz, oignon, tomate, gombo, banane, patate douce, lait, poissons, etc.), dont plus de 1,3 milliards FCFA pour l’oignon dans la zone de Fanaye, plus de 798 millions pour la Banane, plus de 91 millions pour le lait, entre autres.

Par ailleurs, les services fournis par les Infrastructures de Stockage et de Conservation (ISC) ne sont pas satisfaisants et ils ne sont pas utilisés ou peu utilisés depuis leur mise en place.

La plupart des ISC ne sont pas adaptées au besoin réel de stockage des acteurs des secteurs ASPH (matériaux inadaptés au climat de la zone ou aux produits destinés àêtre conservés, non-respect des spécifications techniques de conservation des produits ASPH, etc.).

Des détournements d’objectifs fréquents de ces ISC sont aussi notés (stockage d’engrais ou d’autres produits àla place des produits agricoles ciblés, généralement l’oignon et le riz).
Les Comités de gestion ne sont pas capacités aux métiers de stockage et de conservation, entrainant plusieurs problèmes : manque de financement adéquat notamment pour l’entretien et la maintenance des infrastructures de stockage, des équipements de stockage non appropriés et un personnel non formé entrainant un manque de compétences techniques et des problèmes de gouvernance.

Des causes multiformes

Les pertes post-récoltes sont liées àde nombreux facteurs dont :

  • La mauvaise pratique de récolte (non-respect des dates de récolte conseillées, insuffisance de matériel de récolte entrainant des méthodes artisanales de récolte, etc.) ;
  • La mauvaise planification de la production ;
  • L’absence de magasin de stockage et de conservation adapté et d’abattoir avec système de froid ;
  • Le non-respect du calendrier cultural, l’utilisation excessive de fertilisants et pesticides chimiques ;
  • L’absence de marché et de planification de la production ;
  • Le manque d’unités de transformations, entre autres.

Recommandations

L’étude recommande dans ce sens une concertation avec les acteurs et une évaluation des besoins réels. Il conseille également de rendre opérationnelles les infrastructures de stockage et de conservation déjàinstallées, d’intégrer les technologies appropriées et innovantes dans les ISC, de renforcer les capacités des gestionnaires, d’améliorer la qualité des produits agricoles et agroalimentaires.
L’étude préconise également la diversification et la bonne planification de la production agricole et agro-alimentaire, la promotion dans le département de l’assurance stockage proposée par la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal (CNAAS), la facilitation de l’accès au foncier pour l’installation d’infrastructures de stockage et de conservation, la promotion d’une consultation structurée de la coopération et du Partenariat Public-Privé (PPP), mais aussi des systèmes et mécanismes de transformation, etc.

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