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Probèmes fonciers : Ces conflits ethniques latents

Publié le 1er juin 2014

Les conflits ethniques, entre Peuls et Wolofs, deviennent réguliers dans le département de Louga. A l’origine, ce sont toujours des problèmes fonciers qui sont soulevés pour expliquer les courroux des uns et des autres. C’est dire que le Ferlo (à l’est du département de Louga) présente, aux yeux des observateurs, une véritable poudrière qui pourrait éclater un jour sur la face des populations, si l’État n’y prend garde.

(Correspondance) - La coexistence pacifique entre Peulhs et Wolofs du Ferlo a toujours été une réalité, no­nobstant quelques couacs notés de temps en temps entre villageois, sans que cela n’at­teigne des proportions surdi­mensionnées. Mais depuis quelque temps, les réactions conflictuelles de sources fon­cières se multiplient dans le département de Louga, surtout dans sa zone est, entre les communautés rurales de Coki, Ndiagne et Keur Momar Sarr. Les villageois de Thiambène peulh, dans la commune de Coki par exemple, se sont signalés la semaine passée pour décrier la spoliation fon­cière dont ils sont victimes. A l’origine, rappellent-ils, ce sont plus de 450 ha de leurs terres qui ont été expropriés au bénéfice d’un Gie, appartenant aux jeunes du village wolof de Ndieuk Ndiaye.

Ainsi, pour les Peulhs de Thiambène, « c’est avec la complicité du sous-préfet de Coki et des élus de Ndiagne que cet octroi a pu avoir lieu ». « Et cela, disent-ils en choeur, nous ne l’accepterons pas, même si nous devrions en mourir car, c’est notre propre existence d’éleveurs qui est mise en berne ». Pour dire que les prémices d’un conflit ethni­que sont bien réelles, une bagarre s’est même tenue récemment entre un jeune appartenant au Gie de Ndieuk Ndiaye et un berger de Thiambène ; une bagarre qui s’est soldée par des blessures de part et d’autre.

A Keur Momar Sarr, cette fois-ci, ce sont les Wolofs de Ndothie Seye qui, s’en pren­nent au Conseil rural de Keur Momar Sarr, majoritairement peulh. Pour les premiers nom­més, c’est le président du conseil rural, Dioumorou, Kâ « avec la complicité du sous-préfet » qui cherche à les délo­ger du village de leurs aïeux pour la simple raison que les occupants avaient quitté ces terres pour une autre localité. Pour les gens de Ndothie Seye, la réalité est autre que celle expliquée par l’autorité locale. A les en croire, leur intention n’a jamais été de quit­ter la terre de leurs ancêtres, mais qu’ils avaient juste besoin de zones propices à l’agricul­ ture. Mais une fois les besoins en eau satisfaits, ils ont le droit de revenir à leur village d’ori­gine. Là aussi, des risques de batailles rangées pourraient surgir à tout bout de champs.

Et que dire des revendica­tions d’ordre foncier souvent posées par les populations wolofs de la communauté rurale de Léona contre les agissements du Pcr Diamyodi Bâ ? En effet, Il arrive souvent que des marches et autres pro­testations soient organisées par les Wolofs de la commu­nauté rurale de Léona pour décrier la gestion foncière de M. Bâ : "il s’est enrichi grâce à la spoliation de nos terres », s’indigne-t-on sur place. Ce que le Pcr nie avec la plus grande énergie. Pour lui, aucune cession de terre ne s’est tenue sans l’aval des élus ruraux. Dans la communauté rurale de Sakal aussi, des cas de conflits ethniques pour cau­ses d’occupations de terres existent. Mais, à ce niveau, des rencontres régulières sont organisées pour trouver des solutions. Ces mêmes tentati­ves de réconciliations sont aussi notées à Keur Momar Sarr, grâce aux diverses inter­ventions de Serigne Abdou Aziz Sy Junior.

Ama DIENG

 

source : walf du 24 septembre 2013