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Projet COPSA : L’approvisionnement des marchés et de la grande distribution en produits horticoles des Niayes

Publié le 29 avril 2022

Cette étude est réalisée dans le cadre du Projet de recherche « Riposte à la COVID-19 par la protection sociale et le renforcement des systèmes alimentaires locaux : le cas des Niayes au Sénégal » (COPSA). Elle rentre dans le cadre de l’Objectif Stratégique 2 (OS2) intitulé « Impact des mesures restrictives sur les systèmes alimentaires des Niayes ». Cet OS2 porte, d’une part, sur l’Étude des systèmes de distribution des produits maraîchers. D’autre part, il englobe l’Étude de cadrage sur l’impact de la Covid-19 sur les chaînes d’approvisionnement horticoles. Ce travail s’est attaché à analyser l’approvisionnement de la grande distribution et des grands marchés dans ce contexte de Covid-19. Les enquêtes déroulées auprès de 153 commerçants des grands marchés de Dakar (Castor, Thiaroye, Gueule Tapée, Tilène et Rufisque) et les investigations faites auprès de 5 gestionnaires de grandes surfaces (Auchan, Supeco et Carrefour Market) ont permis de corroborer certaines tendances inquiétantes.

La première faiblesse de l’accès des produis horticoles des Niayes aux rayons de la grande distribution est la difficulté pour les petits producteurs d’honorer les engagements contractuels face aux contraintes liées au respect des normes de qualité, de quantité et de régularité. L’autre faiblesse est le manque de statistiques fiables sur les quantités produites et les réticences notées chez tous les distributeurs à répondre aux enquêtes sur leur véritable apport dans la commercialisation des produits horticoles locaux. Mais, la faiblesse majeure de tout le système de commercialisation est la défaillance de la régulation sur la gestion de l’offre de produits horticoles et le respect des normes d’importation et de commercialisation pour les agrobusiness (en protection des petits producteurs). Trois menaces majeures pèsent sur les possibilités de commercialisation des produits horticoles des Niayes. La première est la faible qualité et la forte périssabilité des produits locaux, ainsi que la persistante préférence des Sénégalais pour les substituts importés.

La seconde est la production de plus en plus abondante des agrobusiness dont les récoltes, censées être écoulée via l’exportation, est de plus en plus écoulée sur les marchés locaux. La troisième menace est le grand risque de paradoxe de l’abondance avec ses conséquences en termes d’invendus et bradage pour les petits producteurs L’écrasante majorité des commerçants n’ont pas changé leurs systèmes d’approvisionnement et seuls 5 commerçants sur 153 enquêtés avaient momentanément arrêté leurs activités. Globalement les chaînes d’approvisionnement de ces marchés en termes de produits maraîchers des Niayes ne souffrent pas de problèmes majeurs. Mais ils ne sont pas en état d’absorber à temps les importantes quantités de produits horticoles dont la plupart est très périssable et nécessite un stockage et une conservation qui ne sont généralement pas à la portée des petits producteurs. La grande distribution est, malgré les efforts d’encadrement de l’Etat sénégalais (Loi sur le contenu local et décret pour la grande distribution), dans une configuration qui favorise les agrobusiness qui sont détenteurs d’une logistique mieux adaptée aux contraintes de quantité, de qualité et de régularité de l’approvisionnement liées à l’accès aux rayons des grands distributeurs.

Dans les normes, les agrobusiness ont, suivant les circulaires de l’ARM, un accès limité au marché local, mais ces mesures de régulation ne sont généralement pas respectées.
Les commerçants des grands marchés de Dakar interrogés soutiennent, pour leur part, qu’il devient de plus en plus coûteux et contraignant de commercialiser les produits horticoles des Niayes. Ils risquent de s’adonner davantage à la commercialisation des produits des agrobusiness et des substituts importés, avec tout le lot de préjudices que cela va occasionner pour les petits producteurs des Niayes. C’est une question d’ordre social, dès lors où ces petites exploitations horticoles sont la seule source de revenus pour la majorité des ménages au niveau des Niayes. Par conséquent, un système alimentaire inclusif et équitable, basé sur la protection des petits producteurs locaux, tel est le leitmotiv qui doit guider un nouveau plan d’actions.