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cridem.org- Covid-19, les éleveurs du Guidimagha soutenus par plusieurs ONGS lancent un SOS de désespoir

Publié le 27 avril 2020

Le 15 avril 2020, le président Mohamed Ould Ghazwani lançait un plan d’urgence de 1, 2 milliards MRU (32 millions de dollars U.S) pour sauver le cheptel, durement frappé par une sècheresse endémique, l’inexistence de pâturage, la rareté de l’eau et la forte concentration du bétail dans les régions boisées du Sud du pays.

Depuis plus d’une semaine, les éleveurs attendent toujours d’avoir accès aux aliments de bétail enfermés dans des magasins, tandis que les volets hydrauliques et santé animale du plan d’urgence restent encore un vœu pieu. Les ONGs du Guidimagha lancent de nouveau un appel pressant pour sauver un monde rural durement frappé par la soudure et le confinement dû au Covid-19.

Plus d’une dizaine d’organisations de la société civile actives dans la Wilaya du Guidimagha viennent de lancer un deuxième SOS pour attirer l’attention des autorités publiques sur la situation catastrophique du monde rural, en particulier les éleveurs, dont le bétail est menacé de décimation, faute de nourriture et d’eau.

« Depuis une semaine je fais le va-et-vient entre le campement et Sélibaby pour voir si les magasins ont commencé à vendre l’aliment de bétail. Les camions envoyés par Ghazwani sont arrivés depuis plusieurs jours mais leur contenu est enfermé dans des magasins, on ne sait pas pourquoi. Au lieu de les distribuer aux éleveurs dont le bétail est menacé, on nous renvoi de rendez-vous en rendez-vous » confie (via téléphone) Mohamed Lemine, un éleveur dont le troupeau de bovins et de caprins paissent à quelques kilomètres de la ville sur la route vers Gouraye.

La région du Guidimagha, l’une des plus exposées à la pandémie du Covid-19 en raison de sa position géographique entre deux foyers de danger, le Mali et le Sénégal, est surtout le lieu de haute concentration de bétails venus de plusieurs autres régions du pays, Assaba, Brakna, Gorgol, Tagant et Trarza. Habitués à traverser le Guidimagha pour transhumer vers le Sénégal et le Mali, les éleveurs sont ainsi coincés par la fermeture des frontières et le confinement.

Résultat, en l’absence de pâturage, le cheptel dont des milliers de camelins, de bovins et de caprins sont en train de décimer le couvert végétal, tandis que les coupes d’arbres de chauffe se multiplient sous l’assaut des familles d’éleveurs installés partout dans cette vaste région, hier, fière de sa luxuriante végétation.

Ainsi, l’après Covid-19 risque d’être désastreuse pour les ressources ligneuses de la région. Le constat est fait par les ONGs qui, après plusieurs missions de terrain, n’ont cessé depuis quelques jours de tirer la sonnette d’alarme sur « une situation plus que préoccupante à tous les niveaux, eaux-santé animale et aliment de bétail » témoigne Hamada Bneijara, président de l’Association pour le développement intégré du Guidimagha (ADIG).

D’importants financement ont pourtant été dégagés par les autorités mauritaniennes pour sauver un secteur pastoral fortement menacé et dont le poids dans l’économie nationale est considérable.

En effet, l’Etat a débloqué 30 millions MRU pour l’hydraulique pastoral, plus de 834 millions MRU pour l’aliment de bétail, plus de 20 millions MRU pour la santé animale et plus de 222 millions MRU pour la mise en œuvre du Plan d’urgence, lequel Plan d’urgence a perdu toute sa valeur d’urgence, après une semaine sans le début de la moindre mise en œuvre de cet ambitieux programme.

« Si l’engagement politique est réel, la traduction de l’engagement du Président de la République en actes sur le terrain fait défaut » note Bneijara qui constate que « les éleveurs sont dans le besoin par rapport aux trois composantes du programme, une composante Aliment de bétail disponible mais non accessible encore aux bénéficiaires, épuisés par d’incessants aller-retour entre leur campement et le centre ville, deux composantes Eaux et Santé animale dont le démarrage est toujours attendu. »

Cheikh Aïdara / cridem