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Blog : Libérer le potentiel des femmes agricultrices grâce à l’énergie solaire au Sénégal

Publié le 28 novembre 2023

A IPAR, notre engagement dans la recherche sur l’adaptation et l’atténuation du changement climatique nous conduit à explorer des pratiques innovantes pour améliorer la participation et l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le secteur agricole au Sénégal.

L’égalité des sexes est cruciale pour une adaptation réussie au changement climatique et une transition vers des économies à faible émission de carbone. Dans cette optique, l’accès des femmes à l’énergie solaire offre une solution prometteuse pour alléger le travail agricole intensif, en particulier dans les petites exploitations où des activités comme l’exhaure sont souvent manuelles.

Les coûts en temps et en énergie liés à des tâches telles que l’irrigation impactent de manière significative les femmes, qui assument non seulement des responsabilités agricoles mais également des tâches domestiques. La recherche sur la « transition énergétique pour l’autonomisation économique des femmes dans la chaîne de valeur horticole » soutenue par le CRDI (Centre de recherches pour le développement international) met en lumière ces défis et propose des solutions.

Les premiers résultats de la recherche ont été discutés, dans un webinaire organisé le 23 novembre 2023 par IPAR Think Tank, en collaboration avec le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES) et modéré par le Dr. Flaubert Mbiekop Responsable de Programmes au CRDI.

Nos résultats, présentés dans la première session du webinaire, fournissent des données probantes sur la gestion du temps, les coûts et la rentabilité, l’autonomisation des femmes, y compris leur pouvoir de négociation et leur leadership au sein de la communauté. Ils révèlent que 60% des hommes et 57% des femmes ont accès aux technologies solaires.

Dans la majorité des exploitations agricoles, les femmes n’ont pas le contrôle sur les technologies solaires : l’essentiel des décisions sur l’acquisition, l’utilisation, l’entretien des technologies solaires sont prises par les hommes. Toutefois, les technologies solaires contribuent significativement à la réduction des coûts de production et d’irrigation chez les femmes et les hommes horticulteurs.
L’utilisation du solaire a un impact positif et significatif sur le revenu agricole des femmes utilisatrices du solaire comparé aux femmes non utilisatrices. L’indice WEA (Women Empowerment in Agriculture) des femmes atteint 0,935, soulignant ainsi une autonomie certaine. L’accès aux énergies solaires, en réduisant le travail et en augmentant leurs revenus, a un effet levier, amplifiant des dynamiques d’autonomisation en cours depuis plusieurs années et matérialisées par plusieurs cas de « success stories » de productrices horticoles utilisant les technologies solaires.

En plus des avantages financiers, l’introduction de l’énergie solaire comme alternative offre aux femmes la possibilité de libérer du temps, favorisant le repos et la participation à des activités génératrices de revenus.
Le niveau de satisfaction du temps disponible pour des activités de loisirs est assez élevé pour les hommes (88,5%) comme pour les femmes (71,3%). Les femmes non utilisatrices (72,1%) sont subjectivement plus satisfaites de leur temps de loisirs que les femmes utilisatrices (70,2%). Ce qui laisse supposer que les femmes qui possèdent des pompes solaires utilisent leur temps libre pour mener d’autres activités génératrices de revenus.

Un panel diversifié, comprenant la Direction de l’horticulture, l’Agence Nationale des Énergies Renouvelables (ANER), le secteur privé, les producteurs et les productrices horticoles, a discuté des implications politiques et des stratégies pour garantir un passage à l’échelle réussi pour le solaire et une plus forte implication des femmes.

  • La direction de l’horticulture a examiné la prise en compte de la transition énergétique dans les politiques notamment dans la stratégie nationale de sécurité alimentaire et de résilience.
  • L’ANER est revenue sur ses interventions en faveur d’un accès amélioré aux technologies solaires. M. Kader Diop, conseiller technique à l’ANER a souligné que l’exonération fiscale sur l’importation des matériaux solaires et l’accréditation des banques et fonds tels que la Banque agricole, le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS) et le Fonds de Garantie des investissements Prioritaires (FONGIP) auprès du fonds vert constituent des actions publiques majeures en faveur de la transition énergétique.
  • Les différentes sources de financement, tant du secteur privé, des organismes philanthropes que des institutions financières locales, ont été également examinées au cours du panel.
  • Mme Rokhaya Mbengue productrice horticole a décrit son parcours et son adoption de l’énergie solaire. Elle confie : «  le solaire est pour les femmes car il allège les travaux et confère une indépendance énergétique ». Son récit a permis de renforcer le plaidoyer pour des subventions spécifiques et des taux bonifiés pour les femmes.

Au-delà de la recherche soutenue par le CRDI, une collaboration entre IPAR et l’African Climate Foundation (ACF) va permettre de mettre en œuvre certains de nos résultats en soutenant les dialogues multi-acteurs et le renforcement des capacités des acteurs, et de favoriser l’utilisation des données probantes générées par divers acteurs. Des organisations telles que ACF impulsent des interventions spécifiques au contexte, informées et guidées par une compréhension approfondie des facteurs qui conduisent réellement à un changement significatif sur les questions de changement climatique.

Ensemble, créons des espaces de dialogue multi-acteurs pour exploiter les opportunités de cette transition énergétique et contribuer à la restauration des écosystèmes en Afrique.


Quelques success stories en vidéo











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